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Au Sommet du végétal Unanimité pour produire plus de céréales

Donnant-donnant. A Marseille, où s’est tenue l’édition 2011 du Sommet du Végétal, les céréaliers ont été encouragés par le ministre de l’Agriculture à produire plus pour des marchés qu’ils espèrent prochainement plus régulés. Une première depuis vingt ans, à condition cependant qu’ils produisent mieux en acceptant entre autres les règles de conditionnalité assouplies et un « verdissement » des aides Pac de l’après 2013.

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Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture au Sommet du Végétal
à Marseille (© Terre-net Média)
«Ce n’est pas quand un secteur se porte mieux qu’on le laisse livré à lui-même », a affirmé le ministre de l’Agriculture au Sommet du végétal des 18 et 19 janvier. Au contraire la période actuelle est propice (inflation, déficit de productions) pour défendre l’idée que les céréaliers doivent produire plus pour approvisionner les marchés que Bruno Le Maire espère mieux régulés dans un proche avenir. Plus que jamais la France et l’Europe se doivent d’être de grandes puissances agricoles exportatrices aptes à assurer la sécurité alimentaire de ses 500 millions de consommateurs mais aussi renforcer celle des pays méditerranéens chroniquement déficitaires.

« C’est la première fois qu’un ministre nous dit de produire plus »

« C’est la première fois qu’un ministre nous dit de produire plus », affirme Philippe Pinta, président d’Orama. Et la Pac ne pourra pas ignorer cette donnée.


Xavier Beulin, président de la Fnsea et vice président d'Orama.
Au deuxième plan, au centre, Philippe Pinta, président d'Orama,
à sa droite Bruno Le Maire. (© Terre-net Média)

Mais produire plus suppose d’être plus compétitif, selon le ministre. En France, les céréaliers d’Orama ont reçu l’assurance que tout sera mis en œuvre pour l’améliorer comme le démontre la récente publication des décrets sur « les 44 tonnes » et celui sur le regroupement des élevages. Bruno Le Maire souhaite une recherche dans les biotechnologies active (cf. interview) et il veillera aussi à ce que la conditionnalité des aides soit acceptable, avec des règles « intelligentes ». Mais produire plus ne suffira pas. Les céréaliers devront aussi s’attacher à produire mieux.

Une logique du donnant-donnant

Selon le ministre, la Pac forte pour l’après 2013, souhaitée par les leaders d’Orama, intégrera d’autant plus la question du « produire plus » qu’elle saura légitimer les soutiens publics versés aux céréaliers. Des soutiens qui restent indispensables pour rémunérer les services publics d’intérêt général rendus mais aussi, pour stabiliser leurs revenus.

Le secteur élevage n’est pas oublié

Produire mieux supposera que les céréaliers acceptent des contractualisations interfilières d’ici la fin du premier semestre dont ils affirment du reste en étudier le principe. Mais elles devraient selon eux intégrer le secteur de l’aval. Xavier Beulin, président de la Fnsea, tient à ce que les producteurs puissent répercuter les coûts de production et bénéficier d’un meilleur partage de la valeur ajoutée, essentiellement réalisée au niveau de la distribution.
En revanche, le ministre de l’Agriculture n’a pas repris à son compte l’idée émise mardi 18 janvier en Alsace, par Nicolas Sarkozy, président de la République, d’actualiser le bilan de santé en redéployant davantage d’aides Pac en faveur de l’élevage (cliquer sur le lien dans l’encadré). Philipe Pinta, président d’Orama, y est particulièrement hostile affirmant que les aides profiteront par ricochet à l’aval, tenté de baisser les prix des animaux.
En fait la logique défendue par Bruno Le Maire semble être celle du donnant-donnant. Le ministre est prêt à satisfaire de nombreuses revendications si la filière céréalière est « pacompatible » auprès de Bruxelles. Autrement dit, si les agriculteurs acceptent le « verdissement » des aides du premier pilier envisagé dans la communication « La Pac à l’horizon de 2020 » de Dacian Ciolos, commissaire européen. La Pac est en effet d’abord la politique agricole de 500 millions de consommateurs européens, auprès desquels il est essentiel de légitimer le versement des soutiens publics, avant d’être celle de 20 millions de paysans.

Ce « verdissement » des aides est aussi la condition, et pas la moindre, pour défendre le maintien de Dpu importants, financés par un budget conséquent. Mais Bruno Le Maire veillera à ce qu’il soit, lui aussi, « intelligent ». Il n’est pas question qu’il soit accompagné de règles environnementales compliquées

Enfin, le modèle d’une agriculture plus productive serait aussi plus acceptable par Bruxelles si les céréaliers comprennent l’abandon des références historiques et s'ils acceptent la convergence des aides au niveau national. L’aide unique à l’échelle européenne est exclue.

Des actions financières pour lutter contre la volatilité

« Produire plus, c’est en soi lutter contre l’instabilité des marchés », assure le ministre de l’Agriculture. Cela suppose par conséquent la poursuite de la mise en œuvre de la Lma. L’idée d’une contractualisation pluriannuelle avec des pays méditerranéens, proposée par Xavier Beulin, président de la Fnsea, a été retenue. Mais aussi, celle de créer de nouveaux outils d’intervention en s’inspirant pour cela de ce qui a été mis en place dans le secteur laitier. Orama défend enfin l’idée d’une autoassurance en étendant les Dpa aux aides Pac.
Le ministre et le gouvernement attendent beaucoup du G20 agricole de mai prochain dont la France assure la présidence. Représentant 80 % de la production mondiale de céréales, toute action de régulation ne pourra qu’être bénéfique si elle est mise en oeuvre et coordonnée. La présidence française est l’occasion pour la France de défendre ses idées. Par exemple, exiger des marchés plus transparents (connaissance des volumes de stocks de céréales, constructions de silos), définir une politique de stockage mondial ou encore coordonner l’action des Etats (gestion des retraits du marché par exemple).
Il sera aussi important de moraliser le fonctionnement des marchés financiers pour qu’il soient davantage en phase avec les marchés physiques.

 

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